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les grandes chansons

Lui donner du lézard le sternum cuirassé.
Dans ses pattes déjà rêver le cétacé,
Puis au ptérodactyle ouvrir l’essor d’une aile,
Monter, monter toujours dans l’onde maternelle,
Monter de cette ébauche au narval, au dauphin.
Au phoque, à la baleine, au mammifère enfin,
Et dans ce mammifère achever ton ouvrage
Par ces fils derniers nés qui jusques à notre âge
De rameaux en rameaux auront pour floraison
L’homme droit sur ses pieds et fort de sa raison.

*


Ce que la science imagine,
Homme, n’en sois pas offensé !
Plus humble fut ton origine,
Plus haut ton vol s’est élancé.

Laisse aux mystiques théories
L’hypothèse d’un ciel perdu,
Où de tes mains endolories
Tu frappes sans être entendu,

Où vainement ton rêve espère
Retrouver l’ancien Paradis
Duquel Dieu comme un mauvais père
A chassé ses enfants maudits.