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Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/63

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marines


Parfois, doublant votre rage,
Bat le tambour de l’orage,
Sonne le clairon du vent.
Vous galopez d’une traite.
Au galop ! Sus ! En avant !
Vous escaladez la crête.

Les talus sont arrachés,
Des pans de sol, des rochers.
La vieille se démantèle,
Et voici de toutes parts
Que s’émiettent devant elle
Les créneaux de ses remparts.

Dans sa muraille éventrée
Votre irrésistible entrée
Va, creuse, élargit son trou,
Bondit, massacre, renverse,
Brèche suprême par où
Il pleut des morts en averse.

Mais ces cadavres croulants
Embarrassent vos élans ;
Car la plage est toute pleine
D’un monceau d’estropiés
Où vos chevaux, hors d’haleine
S’abattent pris par les pieds.