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la mer


Voici la pennatule au vaporeux dessin.
Plume d’autruche ; la chenille holothurie ;
L’étoile aux cinq rayons de la rouge astérie ;
Le marron de l’oursin.

L’anémone en un creux crispe ses tentacules,
Gros bouton de cactus en lui-même rentrant.
Par tas, c’est un parterre étalé comme un grand
Tapis de renoncules.

La méandrine est un cerveau plein de festons ;
L’explanaire une coupe épanie ; et l’astrée
Aux fossettes sans nombre est une chair bistrée
Cousue en capitons.

Le nullipore rose et que l’ombre safrane
S’agrippe aux éventails jaunes, lilas, moirés,
Des gorgones, dont les rameaux sont ajourés
Comme du filigrane.

À ces arbres de pierre accrochant leurs trésors,
Les escares en brins, les flustres, les patelles,
Entrelacent des fils, des tulles, des dentelles,
Des pourpres et des ors.

Combien d’autres, œillets, jasmins, roses trémières,
Aux douceurs de velours, aux éclats de métal,
Qui font du noir abîme un ciel oriental
Tout vibrant de lumières !