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la mer


Souffle bien sur les flots reposés,
La tiède langueur de tes paresses.
Souffle-leur cette odeur de baisers
Où s’endort le cri de leurs détresses.
Souffle bien sur les flots apaisés,
Douce haleine en fleurs qui les caresses.

Souffle encor, douce haleine du vent
Qui viens des coteaux et de la plaine.
Souffle encor ; car la mer bien souvent
Contre nos laideurs de rage est pleine.
Toi qui sais l’accoiser en rêvant,
Souffle-lui ton âme, ô douce haleine.

Tu calmis, douce haleine des champs,
La vague en courroux qui déblatère ;
Tu lui fais oublier les méchants
Qui troublaient sa rive solitaire ;
Et la paix se conclut par tes chants,
La paix de la mer avec la terre.