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les blasphèmes

J’ai le cerveau plein de terre.
Tout est pour le mieux.

*


Eh bien ! non. J’ai besoin de voir le fond des choses.
Je cherche malgré moi l’épine auprès des roses,
Le ver immonde au cœur du fruit,
La vase sous les flots, le fumier sous la terre,
L’amertume dans les plaisirs, et le mystère
Au front étoilé de la nuit.

Je ne puis m’empêcher de regarder les astres
Suspendus comme des lampes sous les pilastres
D’un temple immense au plafond bleu,
Et j’entends tout le genre humain qui les contemple
Dire qu’un sanctuaire est caché dans le temple,
Et dans le sanctuaire un Dieu.

Je vois toujours passer une ombre sous le dôme.
J’ai beau me répéter que ce n’est qu’un fantôme
Flottant dans mon œil obscurci ;