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LES BLASPHÈMES
Était barré par un grand fantôme effroyable.
Sur son arrière-train faisant un saut du diable,
Effaré, renâclant, cabré droit, mon cheval
M’emporta ventre à terre au plus profond du val,
Et parmi les coups drus, martelés et sans nombre
Que son galop roulant précipitait dans l’ombre,
J’entendis le fantôme inconnu me crier :
« Va, va, lâche la bride et tiens bon l’étrier !
Le cheval qui t’emmène a pour nom la Révolte.
Tu vas voir la moisson que le bon Dieu récolte. »
*
Où vais-je ? Depuis longtemps
Je galope, je galope..
Une brume aux plis flottants
De toutes parts m’enveloppe.
Où vais-je ? Je cours, je cours,
Et dans ma tête pesante
Le vent bat de ses tambours
Une marche assourdissante.