Les prés que la lumière arrose,
L’arbre flambant dans le soleil,
Les châteaux du nuage vague,
Les rires du vent qui divague,
Les baisers perlés que la vague
Donne au roc son amant vainqueur,
Les fruits d’or plus frais que la menthe,
Les viandes que le feu pimente,
La pourpre saignante et fumante
Des raisins exhalant leur cœur,
La musique qui dans les moelles
Vous coule d’énervants frissons,
Le profond regard plein d’étoiles
De celle que nous chérissons,
Oui, même cette étrange ivresse
Que verse en nous une maîtresse
Quand sa bouche ardente se presse
Sur notre bouche qui la mord.
Oui, jusqu’à cette heure bénie
Où l’on croit que l’on communie
Au fond d’une extase infinie
Prête à se fondre dans la mort,
Oui, tous les plaisirs de ce monde,
Tous les biens qui nous sont donnés,
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LES BLASPHÈMES