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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/99

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LA REQUÊTE AUX ETOILES

Vers quel pré fabuleux avez-vous donc henni,
En passant sur mon corps dans un fracas de foudre ?
Oue ne m’emportez-vous jusqu’à ce val béni ?

Mais ils courent toujours ; et je dois me résoudre
A ne jamais savoir où vont leurs pas ailés.
Si je pouvais au moins vous suivre dans la poudre,

O vous dont leurs chemins demeurent constellés,
Innombrables clous d’or, d’argent et de topaze !
Mais on a peur de vous, tant vous étincelez,

Et, vouloir vous compter, c’est tomber en extase.
Aux murs capitonnés du boudoir de la Nuit
Vous êtes les boutons de pâle chrysoprase

Dont l’éclair scintillant et curieux reluit
Dans les fossettes du velours. Quand sur la plume
Son invisible amant la couche, à leur déduit

Comme un regard lascif votre clarté s’allume ;
Et seules vous voyez la déesse tordant
Son ventre de nuée et sa croupe de brume,