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Page:Richepin - Les Morts bizarres, 1876.djvu/179

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Dans l’courant d’là s’main’ prochaine,
Si le temps est beau.
Nous irons près de Fontainebleau.

(Raoul Ponchon).


Il passa ses dix premières années de prison sans rien faire, le temps de se retourner, de s’installer, de prendre les habitudes de la maison.

Cependant, comme il lui restait encore vingt ans sur la planche, il se dit un beau matin qu’il était honteux de mener une vie de fainéant, et qu’il fallait se créer une occupation digne (non pas d’un homme libre, puisqu’il était prisonnier), mais simplement d’un homme.

Il consacra un an à réfléchir, à peser les différentes idées qui lui passèrent par la tête, à chercher quel serait le but définitif de son existence.

Élever une araignée ? C’était bien vieux, bien connu. Copier Pellisson, peuh ! un pur plagiat !

Compter sur ses doigts les rugosités du mur ? amusement ridicule, inutile, sans résultat appréciable !

— Il faudrait, se dit-il, trouver quelque chose qui fût à la fois curieux, profitable et vengeur. Il faudrait inventer une besogne qui fît passer le temps, qui