cend que pour manger. Oh ! je vous parle savamment de ce qu’il fait : il demeure dans la maison et c’est ma femme qui fait sa chambre. Si vous voyiez son à part, un vrai capharnaüm ! Des bouquins, des os, des paperasses ! Il écrit comme un damné. Il fait même aussi des vers !
— Mais je ne vois rien là dedans qui puisse faire supposer…
— Mais si ! mais si ! Voyons, un jeune homme de vingt-cinq ans qui bûche comme cela toute la journée, ce n’est pas naturel. Il n’a seulement jamais fait une noce de sa vie. Et puis, avez-vous remarqué ce qu’il mange ?
— Oui, toujours la même chose.
— Eh bien, c’est une affaire de principe.
— Ah bah ! de principe ?
— Parfaitement. Je lui ai dit plusieurs fois qu’il se ferait du mal, de ne jamais changer de nourriture. Alors il m’a expliqué pourquoi il ne changerait pas. Vous allez voir ! Il faut être vraiment fêlé pour avoir les idées comme ça. Les œufs et le fromage, il dit qu’il y a dedans des machines bonnes pour le cerveau, des choses qui s’appellent en ine, je ne sais plus…
— De l’albumine et de la caséine, peut-être ?
— Oui, c’est cela. Mais ce n’est pas là le plus amusant. Il prétend que la purée de pois donne du phosphore et que les lentilles rendent l’esprit juste.
Le patron ne put s’empêcher de rire sur cette dernière confidence.