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Page:Richepin - Les Morts bizarres, 1876.djvu/36

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LES MORTS BIZARRES

Elle est libre. Je viens de la quitter, et elle m’a embrassée en pleurant. Je remonte trouver mon mari. Venez au plus vite, mon cher ami, chercher nos deux cadavres.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je partis en toute hâte. Quand j’arrivai, il y avait autour de la maisonnette du village, une patrouille prussienne. Je demandai des renseignements. On me dit que là-dedans étaient un capitaine de francs-tireurs, et sa femme, morts. Je déclinai leurs noms ; on vit que je les connaissais ; et je demandai alors à me charger de leur sépulture.

— Quelqu’un s’en est déjà chargé, me fut-il répondu. Entrez, si vous voulez, puisque vous les avez connus. Vous vous entendrez avec leur amie pour les funérailles.

J’entrai. Le capitaine et sa femme étaient couchés côte à côte, sur un lit, sous un drap. Je le soulevai et vis que la femme s’était fait au cou la même blessure que celle dont son mari était mort.

Au chevet du lit, veillant et pleurant, était la personne qu’on m’avait désignée comme leur amie. C’était la uhlane.