On devine, à travers son obscur bégaiement,
Qu’il a des mots à dire, et désespérément.
À coup sûr, ce n’est plus l’hymne à l’extase folle
Qui vers les paradis religieux s’envole
En lançant à la terre un délectable adieu
Pour monter s’abîmer au sein même d’un Dieu.
À ces paradis-là peu d’âmes croient encore.
Âmes d’enfants, que leur naïveté décore
Et que j’ai pu blesser naguère en blasphémant,
Je leur demande ici pardon très humblement
Et peut-être en secret que je leur porte envie.
Mais quoi ! La route est longue où leur foi nous convie ;
Pour y marcher vers des horizons radieux,
Il faut en voir le bout, et nous n’avons plus d’yeux.
Des paradis tout près, sur le bord de la route,
Semblables à l’auberge où l’on casse une croûte,
Où l’on fait dans l’étable un somme sur le foin,
Voilà les paradis dont nous avons besoin,
Voilà ce qui convient le mieux, avant qu’il crève,
À l’infirme, à l’errant, au gueux qu’est notre rêve.
Comment, rien de plus ? Rien. Pas même, ô sourd-muet,
Le vœu qui, dernier-né, dans ton cœur remuait
Quand, le front lumineux, les yeux visionnaires,
Sur son buccin d’archange où roulaient des tonnerres
Hugo sonnait à notre espoir ressuscité
La diane de paix et de fraternité.
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