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Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/349

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LES ÎLES D’OR

« D’être aimé si tu fus aimant.
« De tous les actes, bien ou mal, que tu consommes,
« Voilà l’unique vrai, sûr, et le reste ment.
« Aime donc ardemment, bonnement, bêtement,
« Ta femme, tes petits, tes amis, et clément
« À tes frères, aimant les leurs pareillement,
« Aime les hommes, tous les hommes,
« Tous ces malades que nous sommes,
« Tous ces pauvres que nous sommes,
« Tous ces condamnés à mort que nous sommes ! »

Douleur, sainte douleur, oh ! toi, ne reviens plus.
Il suffit à mes destinées
Des deux leçons si durement données
Et qu’aux yeux de mon père et ma mère je lus.
J’ai compris comme tu voulus.
D’autres enseignements y seraient superflus.
À tes îles d’or noir, de cyprès couronnées,
Puissent mes séjours être révolus !
Douleur, je ne veux pas être un de tes élus.
Frappe, tant qu’il te plaît, mes membres résolus
De tes flèches forcenées.
Fais-leur la chasse à telles randonnées
Qu’ils en tombent perclus.
Mais épargne-moi les reflux
Par qui mes futures années