Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/56

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Celui que le malheur frappa
Se lamentait. « Meâ culpâ !
« Las ! Hélas ! Qui m’eût dit naguère,
« Pauvres gens, que je vous trompais !
« Je crus vous apporter la paix,
« Et par moi l’on vous fit la guerre.

« J’étais le bon pasteur pourtant,
« Celui qui veut paître en chantant
« Son troupeau dans les herbes fraîches.
« En mon nom l’on vous a saignés,
« Agneaux que j’ai faits résignés
« Par l’espoir des célestes crèches.

« Vous avez, suivant mes leçons,
« Laissé votre laine aux buissons.
« Mais loin de mes sentes fleuries
« On vous a, le long des trottoirs,
« Conduits aux rouges abattoirs
« Et débités aux boucheries.

« Sans moi, sans mon espoir trompeur,
« Contre les forts qui vous font peur
« Vous vous seriez unis, sauvages,