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Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/90

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MES PARADIS


XIII

BALLADE DE LA FAIM


Oui, mange à ta faim, mange en paix.
Ta chair a droit d’être nourrie.
Fais ton devoir et la repais.
Pourtant, vois qu’en la bergerie
Par trop de luzerne fleurie
Les moutons crèvent du carreau.
Mange donc, mais sans goinfrerie.
Préfère la lame au fourreau.

Songe que, si tu t’entripais,
Ton sang vermeil, pur de scorie,
Deviendrait un liquide épais
Pareil à cette glu pourrie
Qui s’encharogne à la voirie.