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Page:Richepin - Théâtre en vers, III, Flammarion.djvu/150

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LE CHEMINEAU

La Jeannett’dit au monsieur :
Coup’un’javelle et coup’s-en deux !
« Quand mêm’tu s’rais l’fiUeux d’ia reine,
Tu n’auras pas mon étrenne.
Coupe encore et coup’toujours !
Chaqu’javelle aura son tour.

L’beau monsieur dit : « J’suis le roi ! »
Coup’deux javeir et coup’s-en trois !
Pour dev’nir rich’. pour dev’nir reine,
« Gna qu’à mdonner ton étrenne. »
Coup’toujours et coupe encor !
Chaqu’javell’f’ra son tas d’or.

TOINETTE

Ils ont le ventre creux, sûr, et la gorge rèche.
Tant mieux ! La soupe est chaude, et la piquette est fraîche.

LE CHEMINEAU

La Jeannett’dit : « Va donc t’battre… »
Coup’trois javeir et coup’s-en quatre !
« Avé l’grand gas qu’a r’tint la graine
« D’mon romarin pour étrenne. »
Coupe encore et coup’toujours !
Cliaqu’javelle aura son tour.

TOINETTE

Ce chemineau, comme il chante bien, tout de même !

LE CHEMINEAU

L’grand gas cogne et le roi trinque.
Coup’quat’javell’et coup’s-en cinq !
Viv’la Jeannett’qui n’fut pas reine
Et moi qu’ai-z-eu son étrenne !
Coup’toujours et coupe encor !
Chaq’javeir fra son tas d’or.

TOINETTE

Joyeux ! Vaillant ! Est-il Dieu possible qu’il m’aime ?