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ÉCRITURE AUTOMATIQUE 91

aussi nécessaire de supposer une intervention exclusivement hu- maine.

Hermance Dufaux, jeune fille de quatorze ans, a donné une Vie de Jeanne d'Arc, dictée par Jeanne d'Arc 1 et les Confessions de Louis XL. Allan Kardec se porte garant de la sincérité de cette jeune fille, lorsqu'elle affirme avoir écrit ces livres par inspiration, sans com- pulser les archives et documents de l'histoire.

Quatre hypothèses se présentent :

1° Une fraude grossière, simple, qui consiste à aller chercher, dans des bibliothèques publiques ou dans des livres faciles à se procurer, les renseignements nécessaires. De même que P. Mérimée a pu écrire, avec un délicieux talent, sans aucune prétention spi- rite d'ailleurs, le théâtre de Clara Gazul.

L'hypothèse est bien vraisemblable ; pourtant il faudrait une astuce, une habileté, une fourberie, dont cette honorable jeune fille était peut-être incapable (?)

2° Une irréprochable mémoire, avec inconscience partielle, qui fait retrouver, à Hermance, au moment voulu, tout ce qu'elle a lu et entendu. Son intelligence inconsciente, plus avisée que son intelli- gence consciente, reprend tous les détails lus et entendus pour les classer, les condenser, les vérifier, en attribuant à la soi-disant per- sonnalité de Jeanne d'Arc et de Louis XI les souvenirs de toutes ses lectures. Que pourrions-nous dire et écrire si nous retrouvions ainsi tous les vestiges de toutes nos lectures ! Même à quatorze ans on peut avoir déjà beaucoup lu!

Hermance Dufacx, parlant comme Jeanne d'Arc ou Louis XI, c'est un peu comme Hélène Smith, qui se croit, très sincèrement et avec une merveilleuse faculté d'adaptation, tantôt la reine Marie- Antoinette, tantôt Cagliostro.

C'est cette hypothèse que j'admets comme presque aussi vrai- semblable que la première, encore qu'à l'extrême rigueur une troi- sième hypothèse soit acceptable.

3° Par notions cryptesthésiques, Hermance, qui est une médium sensitive, connaît des faits, des noms, des dates, des événements, que ses sens normaux ne lui ont pas appris. Et alors ces connais-

1. Revue spirite, 1858, p. 73, et la Vérité, 29 mai 18(54 (1 vol., E. Dentu, Paris, 1858).

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