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120 MÉTAPSYCHIQUE SUBJECTIVE

A cette méthode d'hypnotisme par un objet brillant, il faut ratta- cher sans doute l'hypnotisme par fascination. Un individu nommé Donato était doué à cet égard d'une puissance (ou d'une habileté) prodigieuse. Dans une salle de théâtre, pleine de spectateurs, il choisissait cinq, six, douze, vingt personnes, qui assurément n'étaient ni des compères, ni des complices. 11 les amenait sur la scène, les regardait fixement, les yeux dans les yeux, et, au bout d'une demi-minute, peut-être plus vite encore, parvenait à les rendre automates, à leur faire perdre toute iuitiative. Si au bout d'une demi-minute il n'avait pas réussi, — ce qui arrivait assez souvent, — il laissait de côté le sujet rebelle et passait à un autre. En quelques minutes, il avait récolté ainsi une quinzaine d'indi- vidus, le plus souvent de très jeunes gens, qui lui obéissaient doci- lement, suivaient tous ses mouvements et acceptaient les sugges- tions (verbales) les plus invraisemblables.

On a rapproché ces cas de fascination de la fascination qu'exer- cent parfois les regards des animaux ; celui du chien d'arrêt, ou du serpent. Mais ce ne sont que des analogies assez vagues.

Quoi qu'il en soit, le sommeil hypnotique peut être provoqué non pas chez tous les individus, mais chez beaucoup d'individus, par certaines manœuvres. Et ces manœuvres sont différentes : passes, fixation d'un objet brillant, fixation parle regard, suggestion ver- bale. L'imitation et la répétition favorisent beaucoup les phéno- mènes.

Mais est-ce tout? Avons-nous quelque preuve positive qu'il se dégage une vibration volontaire du corps du magnétiseur, et que par conséquent une force inconnue, qu'on a appelée magnétique, intervient, qui se transmet à l'individu hypnotisé ? Si l'on était aussi peu exigeant et aussi imprécis que le furent les magnétiseurs de 1840, on pourrait alléguer quelques raisons en faveur de l'hy- pothèse d'un fluide humain . Mais nous sommes devenus plus difficiles.

Je laisserai donc de côté les idées de Reichenbach sur l'od, de Babaduc sur les effluves, de Chazabain sur la polarité humaine; car leurs allégations, en général plus mystiques que scientifiques, ne sont fondées que sur des données insuffisantes. Mais tout de même il y aurait quelque imprudence à repousser sans examen l'hypo-

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