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268 METAPSYCHIQUE SUBJECTIVE

Florentine l . Mais, si ce cas prouve la cryptesthésie, il ne prouve nullement la survie.

Voici le fait. En août 1874, Stainton Moses reçoit un message provenant d'un certain Abraham Florentine, ancien combattant de 1812, venant de mourir à Brooklyn, âgé de quatre-vingt-trois ans, un mois et dix-sept jours. Après maintes recherches il fut établi qu'en effet il était mort à Brooklyn un ancien combattant de 1812, âgé de quatre-vingt-trois ans, un mois et vingt-sept jours. Aucun journal américain ni anglais n'en avait fait mention, de sorte que la connaissance de ce fait n'avait pu être donnée à M. Moses que par des voies supra-normales.

Mais faut-il conclure que cette voie de connaissance cryptesthé- sique comporte comme unique explication la survie d'ABRAHAM Flo- rentine ? Cela me paraît très téméraire, et résolument antiscienti- fique. On peut imaginer quantités d'autres hypothèses, invrai- semblables, mais moins follement invraisemblables que celle d'ABRAHAM Florentine revenant animer la main de Stainton Moses. En effet, si nous donnons à la cryptesthésie toute sa mystérieuse force, nous voyons qu'elle s'étend à toutes les réalités, si loin- taines qu'elles soient, si insignifiantes qu'elles paraissent. Les faits sont là pour établir qu'il y a cryptesthésie, même quand il n'y a pas eu mort d'homme. Par conséquent il est bien inutile de supposer la survivance des morts, puisque d'autres faits sont connus cryptesthésiquement, sans qu'aucun mort ait eu à intervenir. Gomme pour Georges Pelham, comme pour Raymond Lodge, il n'y a pas lieu pour Abraham Florentine de conclure à la survie. C'est de la clairvoyance très belle, très saisissante, mais il ne faut pas aller au delà.

Un cas peu probant a été cité par Bozzano. Dans un cercle spirite de Nancy, l'esprit deCAucHY (mort en 1855) dicte cette phrase latine qui, paraît-il, est sur son cimetière à Sceaux : Bealus qui intelligit super egenum et pauperem. Or il a été prouvé que l'inscription (réelle, et conforme à la dictée du médium) était recouverte d'herbes qu'il a fallu enlever et arracher pour déchiffrer ces lettres. Mais que de choses à prouver! 1° qu'aucune parole, aucun écrit n'avaient

1. Voy. Barrett, loc. cit., p. 208.

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