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MONITIONS 309

quelques heures près, ne peut guère l'être pour quantité de détails. C'est même un fait bien singulier que les monitions — est-ce à cause de leur caractère un peu théâtral, ou parce qu'on les a racon- tées souvent, ou pour une autre raison plus profonde ? — se gravent en traits indélébiles dans l'esprit des personnes qui les ont eues, et au bout de dix, de vingt, de trente ans, ont gardé encore toute leur vivacité, toute leur fraîcheur d'impression. Sans doute il y a quelque déformation, mais le fond reste vrai. Sans doute on a pu oublier que la lumière était allumée ou éteinte; que l'on a parlé tout haut, ou qu'on est resté silencieux; que ce jour-là il pleuvait ou qu'il y avait du soleil ; mais le fait essentiel subsiste. Sans doute on se fait illusion sur la concordance rigoureuse des heures, peut-être même des jours (je l'accorde volontiers) ; en tout cas, ce sont des changements qui, malgré leur importance, ne dénaturent pas de fond en comble le fait lui-même dans ce qu'il a d'essentiel et de caractéristique.

3. Un point plus difficile peut-être à établir, c'est de constater, dans tel ou tel cas spécial, l'impossibilité pour le percipient d'avoir eu, par les voies habituelles de la connaissance, la notion du fait annoncé par la monition.

Voici un cas, par exemple, où il s'agit vraisemblablement d'un souvenir inconscient 1 .

M. Newnham, se promenant jadis à Haughton, avait cueilli des violettes qu'il avait rapportées à sa femme malade. Douze ans après, comme il se promenait au même endroit, et qu'il pensait aux vio- lettes jadis cueillies là, Mad. Newnham lui dit : a Je sens qu'il y a des violettes dans la haie. » Sans doute ce fut un souvenir inconscient de Mad. Newnham (peut-être une coïncidence). Mad. Newnham dit : « J'avais complètement oublié le fait. » Elle est parfaitement sincère; mais la mémoire inconsciente n'oublie jamais rien.

Chaque cas mérite d'être étudié d'une manière spéciale.

Très souvent il est question d'une personne extrêmement malade, presque mourante, et alors l'hypothèse d'une imagination hallucinatoire devient possible. Mais il ne faut pas exagérer cette possibilité.

1. Hall, tél., tr.fr., 327.

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