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MUNITIONS 319

déterminée, sans qu'il l'ait vraiment reconnue. Il sait, il comprend que c'est elle, sans bien savoir pourquoi et comment il le sait,

Cette difficulté dans la récognition est intéressante à constater : car elle semble prouver deux processus intellectuels successifs. C'est d'abord un ébranlement de notre esprit par une vibration quel- conque, qui a un sens, mais dont le sens est obscur. Ensuite cette sensation obscure se précise, mais, pour se préciser, c'est-à-dire pour sortir de l'inconscience et pénétrer dans le moi conscient, elle a besoin de se manifester sous une forme accessible à notre cons- titution mentale ; une vision, une audition. Jusque-là nous n'avions pas compris. La récognition s'est produite parce que l'inconscient a pris le moyen d'une hallucination symbolique pour révéler un fait au conscient.

Quand la récognition est douteuse, on ne peut plus guère parler de cryptesthésie. Aussi convient-il d'accorder une importance fon- damentale à ce que le percipient, avant que le fait réel lui ait été annoncé par les voies normales, ait raconté sa monition formelle- ment à tel ou tel témoin, ou, ce qui vaut mieux encore, qu'il l'ait écrite sur un agenda.

Il ne peut y avoir monition lucide que lorsque la récognition a été nette. Ainsi Mad. Woodham voit une figure devant elle, très dis- tinctement, assez pour que Mad. Woodham s'éveille et dise tout haut, de manière à être entendue de sa sœur qui couchait à côté d'elle : « Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? » Le lendemain matin, elle apprend la mort d'une vieille servante qu'elle affectionnait et qui était malade, et alors elle dit tout de suite : « C'est elle que j'ai vue cette nuit ». Mais comme, au moment de l'apparition, elle ne l'avait pas reconnue, le cas n'est pas démonstratif.

Il faut toujours se méfier de la paramnésie, phénomène relative- ment fréquent, et que le narrateur, malgré toute sa bonne foi, ne peut connaître ; car c'est cette méconnaissance même qui constitue la paramnésie.

6° Les monitions portent en général sur la mort ; souvent aussi sur des maladies, ou sur des accidents graves, parfois sur des évé- nements légers et insignifiants.

Ce ne sont pas moins des monitions. La monition d'un phéno- mène minuscule est aussi intéressante que la monition d'une mort

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