350 GRYPTESTHÉSIE ACCIDENTELLE
cultes, il veut à tout prix rentrer chez lui à Nocera. Il rentre donc et trouve sa femme en grand émoi. Sa petite fille venait d'être atteinte du croup, et menacée de mort. Mad. Ventcri, dans un grand état d'agitation, criait et appelait son mari avec angoisse 1 .
M. Keulemans, dessinateur ornithologique renommé, a eu plu- sieurs cas assez intéressants de cryptesthésie. Sans entrer en état de trance caractérisée, il a une sorte de visualisation assez nette quand il dessine, en s'y appliquant, une tête d'oiseau, ou mieux des yeux d'oiseau. Mais les cas de télesthésie signalés par M. Keulemans ne sont pas assez précis pour déterminer une conviction. Ils sont très intéressants par leur forme symbolique 2 .
On me permettra, pour terminer cette énumération très incom- plète des monitions non suivies de mort, de rapporter une moni- tion qui m'est personnelle. Elle n'est guère un témoignage de cryp- testhésie, car il n'y a pas coïncidence des dates, et il n'y a pas eu de récognition. Toutefois les phénomènes psychologiques sont trop identiques à ceux qui accompagnent les monitions lucides, pour que je ne la mentionne pas ici.
C'était pendant le second mois de la guerre, dans la nuit du 22 au 23 septembre 1914. J'étais alors en Italie, à Rome, car j'avais cru nécessaire de faire, dès le début de la guerre, pour notre sainte cause nationale, une propagande active en Italie. L'hôtel Quirinale, dont j'habitais le premier étage, était absolument désert. J'étais, je crois bien, le seul voyageur demeurant à cet étage. Une nuit, comme je dormais assez profondément, je suis réveillé par trois coups, très nets, mais pas très forts, frappés à la porte de ma chambre. Je m'assois sur mon lit; j'allume la lampe électrique; et, aussitôt, de nouveau, j'entends trois coups. Alors je dis : « Entrez ». Soudain, derrière la porte, mais semblant tout près de moi, j'entends une voix très distincte, une voix de femme, suppliante, comme une femme parlant à voix basse et assez lentement : « Docteur ! Docteur ! » en traînant beaucoup sur la dernière, syllabe. Alors, tout à fait éveillé, assis sur mon lit, je dis tout haut : « C'est bon, je viens ». Ma réponse a été presque automatique ; car ma première pensée, très
1. Tamburini, Observ. sur la télépathie (A. S. P., 1893, III, 292).
2. A. S. P., 1903, XII, 217.
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