Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/38

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même elle pouvait les provoquer dans les objets voisins, sur des tables, sur le bois de sou lit. Les objets pouvaient se mouvoir sans contact, et il est probable qu’elle parlait des langues inconnues. Elle a eu des phénomènes de lévitation.

C’est pendant trois ans seulement, de 1826 à 1829, qu’elle a pu donner ces remarquables phénomènes. Pendant ces trois années, elle était très malade et ne pouvait presque plus quitter son lit. Tous ceux qui, au lieu de railler, ont étudié Federica Hauff, ont été convaincus, non seulement de sa bonne foi, mais encore de ses phénomènes métapsychiques (on disait alors surnaturels) ; par exemple le magistrat Pfaffer et Strauss, le célèbre auteur de la Vie de Jésus.

A cette époque aussi en Allemagne paraissaient les travaux de Reichenbach. Son œuvre est d’ailleurs plutôt un chapitre (bien obscur) de physiologie que de métapsychique ; car l’action de l’aimant sur les organismes ne peut se confondre avec la cryptesthésie ou la télékinésie. Les travaux de Reichenbach ont été malheureusement bien moins étudiés que contestés[1].

Ce qui se rapporte tout à l’ait à la métapsychique, ce sont les observations de lucidité que donnèrent, surtout en France, des somnambules lucides, comme Mad. Pigeaire et Alexis Didier. Cependant, de 1830 à 1870, les savants et les médecins, sauf de rarissimes exceptions, ne s’occupèrent du somnambulisme que pour le combattre. Et on comprend assez bien leur état d’âme. Profitant de la soi-disant vertu thérapeutique du magnétisme, de nombreux cabinets de somnambules consultantes, lucides ou extra-lucides, s’établirent partout, en France comme à l’étranger, dans toutes les grandes et petites villes. Il y eut des somnambules dans tous les champs de foire. Cela devint une profession, et de moralité problématique. Les somnambules tiraient les cartes, ou devinaient l’avenir dans le marc de café, ou faisaient de la chiromancie. Le public crédule allait leur rendre visite, et les savants haussaient les épaules. Au milieu de tout ce fatras, la clairvoyance de certaines somnambules, comme Mad. Lenormand, Mad. Pigeaire et Alexis, disparaissait et devenait

  1. A. de Rochas les a partiellement publiées en français, avec îles additions intéressantes.