Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/447

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l’habitude de se coucher. Aucun portrait n’était suspendu au mur. Pendant que, stupéfaites, elles regardaient cette singulière image, entra une autre jeune fille, fille du capitaine Towns, qui dit : « Mais grands Dieux ! c’est papa. » Puis une femme de chambre entre aussi, et dit : « c’est le maître))… Vais vient Graham, l’ordonnance du capitaine, qui dit : « Dieu nous garde, madame Lett, c’est le capitaine ! » « On appela l’intendant, puis Mad. Crâne, la nourrice de ma femme, et tous deux dirent qu’ils voyaient le capitaine. Alors on appela Mad. Towns, sa veuve, qui, voyant l’apparition, s’avança le bras étendu pour la toucher. Puis, comme elle passait la main sur le panneau de l’armoire, l’image peu à peu disparut ».

Le Dr Isnard[1], fils d’un médecin militaire renommé, qui fut professeur au Val-de-Grâce, a eu, étant encore étudiant en médecine, une vision fantomatique, que sa sœur et un ami ont perçue en même temps que lui. Mad. veuve Isnard, sa mère, était gravement malade, rue Jacob, à Paris, en 1878. Mad. Isnard, alitée depuis quatre mois, reposait dans une chambre voisine de la salle à manger… « Tout d’un coup la porte du corridor s’ouvrit toute grande. Un coup de vent, toutes les fenêtres étant fermées, s’éleva… Entre les portières était une ombre de femme, petite, voûtée, la tête penchée, les bras croisés sur la poitrine. Un voile grisâtre et poussiéreux semblait la recouvrir. Elle s’avança doucement dans la salle, glissant sur le parquet, on ne voyait pas son visage. Elle passa près de nous, contourna la porte, et s’évanouit dans l’ombre du couloir… » M Ue Isnard et M. Menou Cornuet virent exactement la même ombre. Quelques jours après Mad. Isnard mère mourait.

En lisant le récit très circonstancié donné par ces trois témoins, nullement mystiques, on se rend compte qu’il n’y a eu aucune illusion possible. Aussi ce cas est-il un des plus nets que nous possédions, en fait de vision collective. On n’en aura de notion satisfaisante, qu’en lisant les témoignages complets, et les notes judicieuses que Dariex y a ajoutées.

Pour établir l’objectivité des fantômes, la meilleure preuve peut-être (avec la photographie) serait le témoignage des animaux. Or, à cet égard, nous avons des documents importants recueillis avec

  1. A. S. P.. 1891, I, 193-203.