Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/489

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l'RKMONITTONS 477

prévu, dans un rêve, la mort du roi Henri II, blessé mortellement dans un tournoi, en 1559. « La nuit devant le jour du tournoy, à mon premier sommeil, je songeai que je voyois le Roi assis sur une chaise, ayant le visage tout couvert de gouttes de sang et ne pouvois descouvrir son mal ni voir autre chose que sang au visage. J'oyois comme il me sembloit les uns dire : « II est mort » : les autres : «Il ne l'est pas encore ». Je voyois les médecins et chirurgiens entrer et sortir dedans la chambre... et à mon réveil je metrouvoy la face toute en larmes, et je ne me peus garder de pleurs longtemps après. Ma femme me pensoit réconforter, mais je ne peus prendre autre résolution, sinon de sa mort Plusieurs qui sont vivants scavent que ce ne sont pas des contes, car je le dis dès que je fus esveillé. Quatre jours après, un courrier arriva à Néracqui porta la lettre au roy de Navarre de Monsieur le connestable par lesquelles il l'aver- tissoit de sa blessure et du peu d'espérance de sa vie. »

Un autre document historique est rapporté par Flammarion. Nicolas Pasquier écrit à son frère : « L'an passé, le trente du mois d'août, environ vers lescinq heures du matin, je songeai que j'étais auprès de notre père, qui était couché dans son lit, duquel il se leva pour se mettre à genoux afin de prier Dieu, ce qu'il fit dévote- ment, les mains jointes en haut, et les yeux levés au ciel. Sa prière achevée, il changea de couleur, et tomba mort entre mes bras. Je me réveillai tremblotant et je le contai à ma femme, et, pour en avoir la mémoire fraîche, étant levé, je le rédigeai par écrit... Ainsi j'ai vu la mort de notre père, un an, jour pour jour, auparavant son décès (Etienne Pasquier, père de Nicolas, est mort le 30 août 1615, vers deux heures après minuit)... et le propre jour qu'il est mort, j'ay recouvré ce papier, auquel je n'avais pas pensé depuis. La nou- velle n'est arrivée que le 3 septembre 1615... Faites une anatomie de ce songe, vous apprendrez que tout ce qui est survenu en sa mort a été par moi prévu, qu'il ne serait pas longtemps malade (aussi ne l'a-t-il été que dix heures) qu'il mourrait en bon chrétien, que tous les sens lui demeureraient sains et entiers. »

Certes la mort prochaine cTÉtiennk Pasquier, âgé de quatre-vingt- six ans, n'était pas invraisemblable. Tout de même la coïncidence des dates n'en est pas moins assez remarquable.

�� �