Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/50

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utiles que soient les journaux, ces efforts ne valent que par les recherches expérimentales effectuées par les individus isolés. De fait, il n’y a pas de métapsychique sans médium. Le rôle des sociétés psychiques est précisément de ne pas laisser s’éteindre, sans aucun profit pour la science, dans l’obscurité de séances peu scientifiques, dépourvues de contrôle rigoureux, le pouvoir de certains médiums remarquables.

De 1885 à 1920, il y eut des médiums très puissants : Slade, Eglinton, Stainton Moses, Eusapia, Mad. d’Espérance, Mad. Thomson, Marthe Béraud, Stanislawa Tomczyk, Miss Goligher, Mad. Leonard.

Tout de même, s’il fallait n’en citer que deux, je ne parlerais que de Mad. Piper (pour la métapsychique subjective) et d’Eusapia Paladino (pour la métapsychique objective).

Mad. Piper, de Boston, étudiée par William James, puis, avec une extraordinaire patience, par R. Hodgson, puis, avec non moins de persévérance, par Hyslop, puis par Fr. Myers, Sir Oliver Lodge, Sir Barrett, possède des pouvoirs de clairvoyance et de cryptesthésie qui dépassent probablement tous ceux qu’on avait jusque-là observés. Aux personnes qui viennent la voir, elle dit tout de suite, presque sans hésitation, les noms des divers membres de leur famille, en racontant sur eux des épisodes que le visiteur lui-même ignore, et dont il ne constate l’authenticité qu’après une longue et laborieuse enquête.

Même s’il n’y avait, en fait de médium, que Mad. Piper dans le monde, ce serait assez pour que la cryptesthésie fût scientifiquement établie.

Eusapia Paladino a été, par tous les savants de l’Europe, cent et cent fois étudiée, analysée, Schiaparelli, Porro, Aksakoff, G. Finzi, A. et Fr. Myers, O. Lodge, E. Feilding, Lombroso, A. de Rochas, Ochorowicz, J. Maxwell, A. de Schrenck-Notzing, C. Flammarion, Bottazzi, Morselli, Foa, Sabatier, A. de Watteville, A. de Gramont, Carrington, et bien d’autres, ont tour à tour constaté la réalité des mouvements sans contact, et des matérialisations[1].

Même s’il n’y avait, en fait de médium, quEusapia Paladino dans le

  1. La bibliographie complète des publications relatives à Eusapia Paladino sous le titre suggestif de Bibliografia Paladiniana, a été donnée par E. Morselli, dans un livre remarquable, Psicologia e spiritismo, Torino, Bona, 1908, 134-170.