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MOUVEMENTS n'oBJETS (tÉLÉKINÉSIES) 531

Or, dans ce cas, le point essentiel, unique pour ainsi dire, est de savoir si le mouvement de l'objet peut être déterminé par les mains, les pieds, la tête, le corps d'EusAPiA ; car il faut éliminer absolu- ment l'hypothèse d'une hallucination des assistants, hypothèse pro- digieusement absurde, tout aussi absurde que l'hypothèse d'une mauvaise plaisanterie faite par un des assistants. De plus, en toute certitude, il n'y a ni appareils, ni machinations, ni instrumenta- tion. Eusapia, revêtue d'une robe collante noire, n'a ni poches dans cette robe, ni aucun objet, aucune corde, aucun bout de fil de fer à sa portée. Si elle truque ou triche, ce ne peut être qu'avec ses mains nues.

Tous ceux qui ont expérimenté avec elle le savent. Aussi leur unique souci était-il de bien tenir les mains.

Voici comment à ce propos je répondais à R. Hodgson. « Dire : la main est bien tenue, cela signifie d'abord qu'on n'a aucun doute sur le côté de la main qu'on tient. Si, en tenant la main pendant qu'un phénomène se produisait, je n'étais absolument sur que c'était la main droite (au cas où j'avais pour mission de tenir la main droite) aussitôt j'arrêtais tout, en disant : j'ai lâché la main, et tous les expérimentateurs faisaient de même. Nous avions pris le parti de tenir la main fortement, tous les doigts dans notre paume, ou le poignet et une partie des doigts. Nous avions soin, à chaque phéno- mène, de nous rappeler, les uns et les autres, à l'observation exacte. Dix fois, cent fois dans le cours d'une séance, de manière à en être insupportables, ad nauseam nous répétions : je tiens bien la main droite, je tiens bien la main gauche. Nous n'avions pas d'autre préoccupation que d'empêcher une des mains d'Eus\piA de nous échapper. Eh bien ! sans nous croire plus perspicaces et plus habiles qu'il ne convient, il me semble qu'après trois mois d'exer- cice et de méditation, ou peut arriver à la certitude qu'on tient bien une main humaine 1 . »

��1. Dans une expérience qui fut très brillante, chez moi, à Carqueiranne, Mad. Sidgwick tenait la main gauche d'EosAPiA : mon savant et regretté ami. Ch. Ségard, médecin en chef de la marine, tenait la main droite. Je lui demande, au moment où le piano, placé à trente-cinq centimètres d'EusAPiA, avait résonné : « Es-tu sûr que tu tiens bien la main, et la même main ». Et sur son affirmation, j'ajoutais : « Prends garde, si tu te trompes, c'est de la complicité ». Dans cette expérience, 0. Lodge, (je crois), tenait les pieds. H. Sidgwick déclara alors que l'expérience était irréprochable, mais que pourtant un objet pouvait être tenu par Eusapia

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