Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

médiums, dès le début des phénomènes produits, soit mécaniques, soit cryptesthésiques, attribuent tout leur pouvoir à un guide. Même, si l’on veut avoir de bonnes expériences, il faut expérimenter comme si l’on était assuré que ce guide existe réellement, et s’est incarné dans le médium. C’est, au sens rigoureux du mot, une hypothèse de travail, presque nécessaire à la production des phénomènes.

La science est une langue bien faite, a dit un philosophe. Donc nous ne devrions pas conserver ce même nom de médium à des individus aussi différents par exemple qu’Eusapia et Mad. Piper. Nous pourrions appeler médiums les individus donnant des effets physiques ; sensitifs, les individus ayant des phénomènes cryptesthésiques qu’ils attribuent à une force étrangère ; automates, les individus qui sans cryptesthésie semblent présenter par l’écriture automatique des personnalités secondes, créées sans doute par auto-suggestion, mais qui paraissent spontanées.

Comme toute classification, celle-ci est arbitraire. Les sensitifs sont toujours des automates, tandis que rarement les automates sont des sensitifs. On pourrait citer des centaines de cas d’écriture automatique, qui ne sont que des fantaisies médiocrement intéressantes de l’inconscience déchaînée, sans lucidité, sans cryptesthésie, sans rien qui vaille la peine d’être noté, sinon l’extraordinaire puissance de l’inconscient.

Pourtant, malgré mon ardent désir de faire rentrer autant que possible ces phénomènes métapsychiques dans la psychologie normale, je ne voudrais pas les dénaturer, les mutiler, sous prétexte de rationalisme. L’état de monoidéisme et d’automatisme que créent les transes soit hypnotique, soit spiritique, développe une si extraordinaire aptitude à la cryptesthésie, que bien souvent, comme pour Mad. Piper, comme pour Mad. Leonard, comme pour Mad. Verrall, on est tenté de croire qu’il y a intervention d’une intelligence étrangère. Ce n’est pas dans ce chapitre que nous discuterons la question ; on verra plus loin que nous n’aurons aucune timidité à l’aborder franchement.

Ni les sensitifs, ni les automatiques, ni même les médiums, ne peuvent être caractérisés par des diagnoses de quelque vraisemblance. Ils sont comme tout le monde. L’âge, le sexe, la nationalité ne paraissent pas avoir grande influence.