Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/73

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D’ailleurs ici il ne s’agit pas de l’intelligence seule; mais des sensations perçues par l’intelligence. Il y a peut-être d’autres sens que les cinq sens à nous connus. Certains animaux, comme les pigeons par exemple, ont un sens de direction, qui, malgré tous nos efforts d’analyse, nous a échappé à peu près complètement. Pourquoi n’existerait-il pas des facultés de connaissance autres que nos sens ? Nous croyons savoir que l’aimant, quoiqu’il agisse sur le fer, n’influence pas nos cellules nerveuses. Pourtant, si l'on venait à prouver que la force de l’aimant influence le système nerveux, je n’en serais pas extraordinairement surpris. La télégraphie sans fil nous a appris qu’on peut envoyer, sans fil conducteur, des messages à travers l’espace. Donc il est bien possible que, par des mécanismes analogues, invisibles, inappréciables à nos appareils de physique et à nos sens, le cerveau puisse être influencé, sans que nous sachions rien dire, soit de l’appareil récepteur, soit de l’appareil transmetteur. C’est notre ignorance qui limite à nos cinq sens toute connaissance possible du monde extérieur.

Donc, avant de conclure à une intelligence extérieure, j’admettrais volontiers, au moins provisoirement, cette hypothèse qu’il y a dans notre intelligence des facultés de connaissance qui ne sont pas déterminées encore, qui ne sont ni banales, ni quotidiennes, mais irrégulières dans leurs manifestations encore mystérieuses.

Or cela, c’est de la métapsychique, et il s’agira alors de décider entre ces deux hypothèses.

1° Est-ce une intelligence étrangère qui agit sur la nôtre ?

2° Est-ce que notre intelligence est dotée de facultés de connaissance nouvelles?

Pour conclure en faveur de l’une ou l’autre supposition, il ne faudra pas se contenter des seuls phénomènes de métapsychique subjective. Il conviendra de voir, comme nous le ferons plus tard, si le faisceau des preuves diverses qui tendraient à faire croire à une intelligence extra-terrestre est assez fort pour faire prévaloir soit l’hypothèse d’une intelligence humaine, dotée de facultés nouvelles, soit l’hypothèse d’une intelligence étrangère, s’incorporant, s’incarnant dans l’intelligence humaine.

En tout cas, au point de vue de la méthode, ce qui importe avant tout, c’est que jamais on ne perde de vue le précepte de Laplace.