Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/791

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— Et on me pardonnera ces hésitations. Au seuil du mystère, il est bien permis d’être troublé, et de ne pas apporter des paroles tranchantes, décisives, faisant un ridicule contraste avec l’incertitude angoissante qui nous étreint.

Tout de même, si nous n’avions que la métapsychique subjective, nous pourrions nous arrêter à la cryptesthésie, hypothèse simple et nécessaire qui suffît à tout expliquer.

Admettons donc, comme étant la seule proposition authentiquement démontrée, une cryptesthésie très intense, définie par un pouvoir prodigieux de connaissance, une sensibilité de l’âme à des vibrations subtiles qu’aucun de nos appareils de physique ne peut constater.

Nul besoin alors de faire intervenir des forces étrangères. Et alors ma conclusion sera : L’intelligence humaine est beaucoup plus puissante et plus sensible qu’elle ne le croit et ne le sait.

XII

L’hypothèse serait très simple. Ce ne serait même presque pas une hypothèse, que d’admettre une extension de nos pouvoirs intellectuels. Mais nous ne pouvons guère aller plus loin. Car plus nous essayons de comprendre cette faculté inaccessible de la cryptesthésie, moins nous comprenons. Télépathie, hyperacuité sensorielle, émanations pragmatiques, si elles expliquent quelques phénomènes, ne les expliquent pas tous ; loin de là ! et nous devons en désespoir de cause reconnaître que de la cryptesthésie nous ne savons que ses effets ; car ses modalités et son mécanisme nous échappent absolument.

Le passage de la métapsychique subjective à la métapsychique objective n’est pas aussi abrupt qu’on peut le croire ; car enfin, pour qu’il y ait une sensation cryptesthésique, il faut un phénomène extérieur quelconque, probablement une vibration, puisque c’est par des vibrations (de l’éther ?) que se transmettent les énergies. Donc, s’il y a notion cryptesthésique, c’est qu’il y a eu une force extérieure qui a agi.

Les monitious (de mort ou autres) ne s’expliquent que par cette vibration (de nature inconnue) qui a frappé notre subconscience.