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ERREURS d'oRSERVATION 69

§ 3. — DES ERREURS D'OBSERVATION

Le calcul des probabilités est d'une application très facile, et il n'y a pas d'écolier qui ne soit capable de résoudre les petits pro- blèmes d'arithmétique élémentaire qu'il suppose, au moins en méta- psychique. Mais, autant les calculs mêmes sont simples, autant les précautions à prendre pour une irréprochable observation sont mul- tiples, délicates, exigeant une attention soutenue, toujours eu éveil.

Je vais essayer de donner quelques préceptes à cet effet : car on ne saurait exagérer l'importance d'une rigueur expérimentale eutière. Eviter les illusions, c'est probablement le chapitre fonda- mental de la métapsychique subjective.

1° Erreurs de mémoire. — Tout d'abord, il faut se méfier de sa mémoire, autant que de la mémoire des autres. En réalité, pour la métapsychique subjective tout au moins, il n'y a pas beaucoup de menteurs, de trompeurs, de tricheurs ; mais le nombre de ceux qui racontent mal une histoire et l'arrangent involontairement, modifiant et altérant les phrases, les réponses, les détails, les dates, les heures, les mots prononcés, ce nombre là est énorme. Nous sommes tous sujets à caution. En pareille matière je ne me fie à personne, même pas à moi. Quand on est séduit par l'hypo- thèse de la lucidité, malgré soi on expose avec complaisance tel ou tel fait, en passant légèrement sur les détails contradictoires, en omettant les détails gênants, en insistant démesurément sur les détails favorables. Un petit mot passé sous silence; un autre petit mot ajouté; et voilà de profonds changements à la conclusion qu'on va pouvoir extraire.

A force de raconter autour de soi une histoire, on la transforme, on l'amplifie, on la dénature (en toute bonne foi d'ailleurs) et on arrive à des résultats mirifiques, mais fallacieux.

Il ne faut avoir d'absolue confiance qu'au récit écrit immédiatement après l'événement. C'est ce récit seul qui compte. Quand à diverses reprises on a conté une histoire, si l'on vient quelque jour à se reporter au récit anciennement écrit, souvent on peut constater qu'il s'était opéré dans la mémoire des transformations successives, qui, s'ajoutant les unes aux autres, finissaient par rendre l'histoire contée assez différente de l'histoire écrite. Disons-nous constam-

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