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sont honorés, mais on exige d’eux non-seulement du savoir, mais encore une bonne conduite. « L’éducation des enfants, dit un philosophe, est, de toutes les choses, celle qui intéresse le plus la société. » De l’avis de tous les hommes compétents, les méthodes d’enseignement adoptées par les chinois sont excellentes.


Les enfants commencent leurs études dès l’âge de cinq ans ; trois années dans une école publique suffisent pour acquérir l’instruction exigée de celui qui veut devenir un homme (tchhing-jin) ; les Chinois considèrent comme un être nul (tchhing-khong) celui qui n’a pas reçu d’éducation. Aussi engagent-ils les gens de la campagne eux-mêmes à envoyer leurs enfants à l’école après le temps de la moisson. Le premier livre mis entre les mains de l’élève renferme une centaine de caractères qui expriment les choses les plus communes, comme le soleil, la lune, certains animaux, quelques ustensiles de ménage, une maison, etc. Les images de ces mêmes objets sont représentées au naturel vis-à-vis des caractères qui les expriment. Je ne puis m’empêcher de reproduire ici la judicieuse explication que donne le savant Rémusat de l’écriture chinoise ; elle est indispensable pour comprendre le système d’enseignement adopté depuis si longtemps dans le Céleste Empire.

« La langue des Chinois, dit l’illustre sinologue, diffère de celle des autres peuples, et leur écriture est fondée sur un principe tout particulier. On sait que, dans leurs caractères, on a cherché à peindre des idées, et non à exprimer des sons. Les objets matériels ont été représentés par des traits qui rappellent leur forme, ou ce qu’ils ont de vraiment essentiel et de caractéristique. Les notions abstraites, les sentiments, les passions, les opérations de l’esprit ont été figurés par des symboles ou des combinaisons de symboles. Cette direction donnée à l’art de l’écriture a influé sur les formes du langage, sur le caractère de la littérature, et peut-être sur le génie même de la nation. Chez aucune autre, l’écriture n’est tenue