Page:Rictus - Les Soliloques du Pauvre, 1903, 5e éd.djvu/144

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Ah ! le beau rêv’que t’as conté.
Ton Paradis ? La belle histoire
Sans c’te vach’de Réalité :


— T’étais l’pus pauv’d’entre les Hommes
Car tu sentais qu’tu pouvais rien
Contre leur débine indurée :


(Or comm’les Pauv’s n’ont d’aut’moyen
Pour bouffer un peu leur chagrin
Que d’se réciter leur détresse
Ou d’en dir’du mal à part eux
Et rêvasser quéqu’chose de mieux
Pour le surlend’main des lend’mains)


— Toi, t’as voulu sécher d’un coup
Le très vieux cancer des Humains
Et pour ça leur en faire accroire…
Ton Paradis ? la belle histoire !
Et tu leur aimantas les yeux
Vers le vide enivrant des cieux
Qui dans ton pat’lin sont si bleus !