Page:Rictus - Les Soliloques du Pauvre, 1903, 5e éd.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Des Amours mignons m’ont pâli
Et la Vie les a massacrés,
Mes mains les ont ensevelis,
Mes yeux les ont beaucoup pleurés.


Comm’j’pouvais pas m’faire à la haine,
J’en ai longtemps hurlé ma peine,
Comm’le soir hurle su’la Seine
La tristesse d’un remorqueur :


Et j’en saigne à ce point encore
Qu’y m’sembl’que quand j’me remémore
Tout c’pauvre tas de petits morts
(Mon cimetière d’innocents),


Y m’sembl’qu’y m’vient un gros flot d’sang
Qui m’prend l’gaviot, m’emplit la bouche
Et m’fait l’jacqu’ter rouge et farouche
Et ce sang-là m’jaillit du cœur !