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MA CAPTIVITÉ

je n’avais que dix ans, mais j’ai retenu leurs instructions ; j’honore Dieu, créateur du ciel et de la terre ; c’est lui qui gouverne tout, qui nous donne la nourriture et les habits, qui nous conserve la vie ; il a souffert pour nous ; moi aussi je veux souffrir pour lui, je ne désire rien tant que d’endurer vos tortures, faites-moi souffrir de la faim, de la soif, brisez-moi les bras, les jambes, ma vie est tout à Dieu. »

Les satellites le prirent d’abord pour un fou et voulurent le renvoyer, mais il insista ; on le chassa ; il revint, sollicitant toujours la faveur d’être admis à souffrir. Enfin le juge ordonna de l’arrêter.

Depuis son enfance, il n’avait vu aucun Père, ne connaissait pas les chrétiens, mais il savait que ses parents étaient morts pour Dieu, il voulait faire comme eux. Les satellites vinrent plusieurs fois m’en parler et disaient : « C’est un bien bon jeune homme, il est doux, tranquille, etc. » Je pus le voir dans notre cabanon où il resta deux jours ; il fut mis ensuite avec les voleurs, ne fut jamais appliqué à la torture, mais, comme les autres, il souffrit beaucoup de la faim ; au bout de quinze jours il était méconnaissable. Les gardiens s’amusaient de sa simplicité et lui faisaient réciter ses prières, les