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MA CAPTIVITÉ

extrêmement fatigué, je voulus moi-même refaire un peu les caisses et y mettre plus d’ordre, mais on s’y opposa.

— Comment, dis-je, pour un si long voyage vous avez tout mis en désordre dans ces caisses à demi pleines ? A l’arrivée, tout sera brisé, gâté, perdu.

Ils se mirent à rire pour toute réponse. On eût dit que ces employés étaient furieux de me voir partir. Moi, au contraire, je pensais que sous tout cela il y avait quelque mystère, je doutais du but du voyage qui ne m’avait pas été notifié officiellement. Mais m’abandonnant à la Providence je n’éprouvais aucune inquiétude.

On ferma les caisses qu’on cacheta de nouveau, puis on les ficela avec des cordes de paille. Dans la cour, on alluma un feu où furent jetés les livres qu’on venait de me retirer. Invité à aller voir ce spectacle, je refusai et demeurai assis dans un coin de la chambre, au milieu des vociférations et des rires de tous ces êtres qui ne disparurent que fort avant dans la nuit.

Il fallait se lever de grand matin, mais je ne pus m’endormir que difficilement : je revoyais les scènes que j’avais vues et me rappelais les paroles entendues. Il pleuvait, j’avais chaud, j’avais froid, je me sentais de plus en plus faible. Je me