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MA CAPTIVITÉ

— Depuis deux mois que je suis en prison, sans nouvelles d’eux, puis-je savoir où ils se trouvent ?

— Avec qui es-tu venu ?

— Si je vous donnais ces indications, plusieurs personnes pourraient en souffrir, je ne puis donc dire ni comment, ni avec qui je suis venu.

Pendant que je faisais cette réponse, le juge faisait un signe de la tête, je n’ai jamais pu comprendre pour quelle raison.

— Quel est ton pays ?

— Poul-lan-sya.

— Écris cela.

On me fait passer du papier et un pinceau, et j’écris Poul-lan-sya en coréen. Le juge regarde et dit :

— Écris-le aussi en ta langue.

J’écrivis France, alors je sentis un nuage me passer sur le cœur ; pauvre pays, pauvre France, et tout à la fois j’éprouvai un sentiment de fierté.

— As-tu une dignité dans ton pays ?

— Je n’ai pas de dignité, je n’exerce aucune fonction.

— Quand tu retourneras, ton gouvernement te donnera de grands emplois, une haute dignité ?