buchant à chaque pas, l’individu avançait. C’était bien un homme, un Européen, car il était vêtu.
« Quand il fut assez près, je reconnus mon visiteur portugais. J’envoyai un de mes chasseurs à son aide. Pauvre malheureux ! Il n’était plus que l’ombre de lui-même.
« — De l’eau ! de l’eau ! gémissait-il. Pour l’amour de Dieu, de l’eau ! »
« Je lui fis donner du lait coupé. Il en absorba sans désemparer une si grande quantité, que je dus lui enlever le liquide. Ensuite la fièvre le prit ; il divagua ; les montagnes de Suliman, le désert, revenaient toujours dans ses phrases incohérentes. Je fis pour lui ce que je pus ; il n’y avait pas grand’chose à faire, car sa fin était proche. Il sommeilla vers le matin, et j’en fis autant. Le soleil lançait à peine ses premiers rayons dans la tente, lorsque je m’éveillai. Mon Portugais était assis sur son séant, le bras étendu vers le désert.
« — Les voilà ! dit-il, les voilà ! Mais je n’irai pas. Personne ne pourra y aller. »