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allégeance à la Couronne, le gouvernement Provisoire se disposait à faire partir vers la fin de février ses délégués pour Ottawa, quand de nouveaux désordres absorbèrent son attention.

Le Dr. Schultz n’avait pas un instant cessé de pousser les sauvages à la guerre contre nous. Un grand nombre des habitants du Portage Laprairie le secondait dans cette œuvre barbare.

Le Portage Laprairie est un établissement, placé sur la Rivière Assiniboine à peu près à 60 milles à l’Ouest du Fort Garry, et dont la plus grande partie de la population est composée d’émigrés d’Ontario.

Dans les derniers jours de février, ces hommes prirent avec tous les sauvages du pays, surtout de leurs environs, une attitude si menaçante que les Métis échelonnés sur la Rivière Assiniboine, entre le Fort Garry et le Portage Laprairie, craignant pour leurs familles que leurs ennemis du Portage parlaient ouvertement de venir massacrer, et pour leurs biens qu’ils menaçaient de brûler dans une descente nocturne, exigèrent du Gouvernement Provisoire une protection immédiate. Leurs craintes paraissaient d’autant mieux fondées que lors de la visite de pacification que M. D. A. Smith avait eu la générosité de faire auprès des habitants du Portage, ces gens alors aussi dévoués au Dr. Schultz qu’hostiles aux anciens colons, avaient écrit au Président du Gouvernement Provisoire que pour obtenir la grâce de Boulton, ils se soumettaient, mais qu’ils se soulèveraient encore certainement à la première occasion. Pour la sécurité des citoyens, deux détachements de soldats Métis furent stationnés sur la Rivière Assiniboine, l’un au fort de M. Layne, à 24 milles du Fort Garry, et l’autre à la Baie St. Paul, dix milles plus loin.

Cependant l’audace de nos ennemis encouragés par notre patience était devenue extrême. Elle éclata jusque parmi les prisonniers de guerre que nous avions faits le 17 février, dans l’enceinte même du Fort Garry. Il fallait mettre un terme à tout cela. Il fallait un châtiment pour en imposer aux conspirateurs et aux forcenés.

Au commencement de Décembre 1869, Th. Scott avait été emprisonné au Fort Garry, après que M. McDougall nous eût déclaré la guerre, comme l’un des plus dangereux partisans du Dr. Schultz, de McDougall et de Dennis. Peu de temps après, Scott s’échappa de nos mains, et alla se réfugier au Portage