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L’AMNISTIE

Les territoires du Nord-Ouest ont été transférés au Canada seulement le 15 juillet 1870. Mais le Canada fit commencer, en 1868-69, des travaux publics en son nom dans la terre de Rupert et le Nord-Ouest, sans l’autorisation du gouvernement de la Baie d’Hudson.

L’arrivée des agents canadiens, dans ce pays, fut signalée par le mépris qu’ils affectèrent pour l’autorité de la Compagnie elle-même et pour les anciens colons. Ils cherchèrent à s’emparer des plus belles propriétés des Métis ; surtout à la pointe de Chênes, paroisse établie à 30 milles environ à l’Est du Fort-Garry. Ils prétendirent avoir acheté ces propriétés des Sauvages. Et pour se fortifier dans ce commencement de lutte contre nous, ils tentèrent une alliance avec les Indiens, et leur vendirent, afin de se les attacher, des liqueurs enivrantes contrairement à la loi.

D’ailleurs, le surintendant des travaux canadiens à la Pointe de Chênes, M. Snow, ainsi que ses subalternes se conduisirent fort mal : ils faillirent en certaines circonstances s’entr’assassiner. L’un des employés, Th. Scott, qui fut plus tard exécuté, porta un pistolet à la figure de son maître, et s’en étant saisi avec une bande d’hommes effrénés comme lui, il le traîna à la rivière pour l’y faire périr.

Des métis sauvèrent le surintendant des mains de ses employés qui étaient en grand nombre d’Ontario. On conçoit qu’en agissant ainsi ces étrangers donnèrent aux habitants du pays une idée qui ne leur fut pas favorable.

Les autorités de la Compagnie de la Baie d’Hudson furent obligées de sévir contre leurs désordres. Et elles protestèrent contre le gouvernement canadien, moins à cause de la mauvaise conduite de ses employés que pour avoir entrepris, en dehors de leur sanction, des travaux publics sur leur territoire. Après que