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2o Parce qu’il permettrait d’accomplir le passage du régime actuel au nouveau graduellement, sans heurts ni secousses[1]. C’est ainsi, par exemple, que le changement d’importance relative des différentes branches des industries, c’est-à-dire la diminution des marchandises de luxe proportionnellement à l’accroissement des objets de plus grande nécessité, pourrait se produire peu à peu, sans ruiner personne, grâce seulement à une différente orientation des groupes de la jeunesse future.

    ronds pour tout le Royaume-Uni, chiffre approximativement égal au montant total des successions en France (sans déduction des dettes). Les dettes successions ne dépassant pas la valeur de 100 £ (2,500 fr.) ne sont pas comprises dans ce chiffre de 6,6 milliards (elles sont en effet exemptes de droits) : elles sont évaluées à 17 millions et demi en fr. (Paul Leroy-Beaulieu, Essai sur la répart. des rich., Paris, Guillaumin, 1897, p. 539).

    Selon les chiffres cités par Garelli (L’imposta successoria, Torino, Bocca, 1896, p. 138-141), la valeur des biens immeubles déclarés pour l’évaluation de l’impôt sur les successions dans tout le Royaume-Uni, en 1894-1895, s’élevait à £ 159,680,000, et celle des biens meubles à £ 141,421,000, soit ensemble à plus de sept milliards et demi de francs. Le total annuel des valeurs successorales en France se serait, paraît-il, élevé en 1895 à fr. 5.741.280.596, dont 2.896.316.527 en biens meubles et 2.844.964.069 en immeubles.

  1. On considérerait tous les patrimoines existants comme effectivement accumulés par leur propriétaire actuel, sans aller rechercher, ce qui serait d’ailleurs impossible dans la plupart des cas, leur première origine. On n’irait pas voir s’ils proviennent de l’usurpation de biens communaux, d’heureuses spéculations d’agiotage ou de fraudes adroites plutôt que du travail honnête et de l’épargne. On n’essaierait pas non plus, dans ce dernier cas, de démêler l’apport de chacune des générations qui ont concouru à la formation de la fortune familiale : elle serait attribuée entièrement au travail et à l’épargne du descendant actuel.