Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/114

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deux fractions des réformistes et des révolutionnaires, fractions plus ou moins antagonistes. Cette scission, conduisant chaque fraction à paralyser l’action de l’autre, a fini par porter le coup le plus grave à la cause prolétarienne et par produire partout un arrêt du mouvement socialiste qui menace l’existence même du parti.

Et ce serait une très grande erreur d’attribuer cette scission très douloureuse seulement aux menées des ambitieux, qui, pour supplanter les vieux chefs, dressent une bannière nouvelle et choisissent une autre route, ou encore à l’esprit d’indépendance impatient de toute discipline des intellectuels à individualité trop saillante…

La cause fondamentale de la division actuelle du parti socialiste, dans toute l’Europe, en deux ou plusieurs fractions antagonistes réside, selon nous, dans le plan complexe d’action collective que le parti socialiste s’est tracé : premièrement, dans le fait que ce plan d’action collective se scinde en d’eux programmes, le programme minimum et le programme maximum ; mais surtout dans la distance trop grande qui sépare ces deux programmes et dans l’absence de tout lien logique entre eux.

Le programme minimum est vraiment trop… un programme minimum ; le programme maximum vise à instituer le paradis sur la terre. Et non seulement cela, mais le programme minimum ne représente même pas un pas, si petit qu’on voudra, dans la direction du but indiqué par l’autre programme. La direction n’a rien de