Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/13

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dépenses de forces très inégales ; et c’est l’existence des grandes richesses qui rend indispensable, pour satisfaire cette vanité, une dépense de forces très grande plutôt que très petite.

En effet, le désir de paraître deux fois plus riche qu’un autre, c’est-à-dire de posséder des objets (bijoux, vêtements, chevaux, parcs, habitations de luxe, etc.) d’une valeur deux fois plus grande que ceux qu’il possède, est tout aussi satisfait quand la proportion est de 100 à 50 que quand elle est de 10 à 5. Ainsi donc un travail 100 + 50 = 150 et un travail 10 + 5 = 15 peuvent également satisfaire la même quantité de vanité. Et ce n’est que le fait qu’un homme possède des richesses égales à 50 qui provoque chez d’autres des besoins dont la satisfaction réclame un effort de 100.

Pour ce qui est, enfin, de toutes les autres superfluités qui restent encore en sus de celles comprises dans les catégories précédentes, on sait que les accroissements successifs de félicité que les accroissements successifs de revenu, au-dessus d’une somme donnée, arrivent à procurer s’amoindrissent de plus en plus par le fait que les besoins qui viennent à être satisfaits par ces accroissements de revenu s’éloignent de plus en plus de ceux de première nécessité ou de ceux en général qui sont les plus intenses. Ce phénomène de la jouissance décroissante a été mis en évidence par l’école hédoniste autrichienne, laquelle a glorieusement contribué, et plus que les autres, à l’éclaircir. Pour figurer le phénomène d’une façon