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déjà, l’institution de la propriété n’est pas unique et immuable , et il n’y a point une seule sorte de propriété, il y en a beaucoup : « une erreur très générale, c’est que l’on parle de « la propriété » comme si c’était une institution ayant une forme fixe et toujours la même, tandis qu’en réalité elle a revêtu les formes les plus diverses et qu’elle est encore susceptible de modifications très grandes et non prévues »[1].

La propriété n’est pas un droit, mais un ensemble de droits variables en nombre, en étendue et en qualité (eine Summe einzelner Befugnisse, dit Wagner). Les combinaisons de ces éléments dans la constitution du droit de propriété sont théoriquement infinies.

« Les droits que confère la propriété sont, aux yeux du jurisconsulte, un faisceau de pouvoirs, capables d’être considérés à part les uns des autres, et susceptibles en même temps d’une jouissance distincte[2] ». Et Wagner distingue précisément dans le droit de propriété les cinq droits suivants : d’usage, de contrat, de donation, d’héritage (droit de tester) et d’accumulation[3].

Le droit de donner et celui de tester sont donc compris tous deux aujourd’hui, et

  1. De Laveleye, De la propriété et de ses formes primitives, Paris, Alcan, 1891, p. 543.
  2. H. Sumner Maine, Études sur l’histoire du droit, Paris, Thorin, 1889, p. 210.
  3. Grundlegung, dritte Aufl., zw. Theil, pp. 198 et 272, 277-279.