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fort de ne pas remplir la fonction de capitalisation aussi bien que fait aujourd’hui l’initiative privée. Mais nous allons examiner les différentes manières dont on pourrait s’y prendre pour introduire le régime collectiviste ; et nous arriverons, procédant à cet examen, à cette conclusion que la seule bonne manière de procéder à la socialisation des moyens de production est l’application de la réforme que nous avons préconisée.


De tous les projets que l’on a émis pour l’établissement du régime collectiviste, le plus impraticable est l’expropriation violente révolutionnaire.

Kautsky a beau protester « qu’il ne s’agit pas de la socialisation brusque, en une longue séance nocturne, selon le mot de Victor Adler, de toutes les exploitations employant plus de vingt personnes, comme on pourrait le croire en lisant Bernstein, mais seulement d’un changement de direction dans l’évolution de la propriété », on ne peut nier que l’expropriation violente soit dans la doctrine marxiste. Le Kapital (I, 728-729) ne contient-il pas ce passage : « À l’heure extrême, il ne s’agira que de faire exproprier quelques usurpateurs par les masses » ? Et les quatre premiers paragraphes du programme complet exposé dans le « Manifeste du parti communiste » ne confirment-ils pas ce projet ? Avoué ou non, il demeure aujourd’hui même, on ne peut le nier, cher à beaucoup de collectivistes.