Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

capitalistes, et de l’autre, la suppression des sans-travail, armée de réserve des industriels.

« Et, en ce faisant, il atteint le mode de production capitaliste au cœur.

« Sans les trusts monopolisateurs et sans les sans-travail toujours prêts à prendre la place des grévistes, la situation du prolétariat organisé en face du capitalisme devient prépondérante.

« Quand celui-ci se plaint aujourd’hui déjà du terrorisme prolétarien, c’est une absurdité. Mais le prolétariat établira forcément sa dictature dans l’usine le jour où il aura conquis le pouvoir dans l’État. La position des capitalistes qui subsisteront après la socialisation des cartels et des trusts deviendra alors intenable ; ils supporteront les risques de leur industrie sans plus en être les maîtres. Dès ce moment les capitalistes, avec une hâte plus grande que celle des ouvriers d’aujourd’hui, réclameront une socialisation avantageuse de leurs industries » (Le marxisme et son critique Bernstein ; voir pp. 333-335).

Ainsi la théorie collectiviste, telle qu’on l’entend généralement, soutient que toute industrie parvenue à son maximum de concentration, mûre pour la gestion collective, deviendra une industrie de l’État. Mais aucun collectiviste ne soutient aujourd’hui que toutes les industries arriveront en même temps à ce maximum de concentration et qu’on pourra faire sauter « à l’heure extrême » l’involucre capitaliste pour obtenir tout d’un coup le système collectiviste.