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une culture épuisante et à une diminution de la productivité de l'industrie agricole. Et ce, pour plusieurs raisons[1] :

a. Les efforts du propriétaire pour obtenir une rente très élevée, supérieure à celle que le terrain pourrait lui donner théoriquement, sont en général couronnés de succès.

C’est ainsi que les landlords anglais, par exemple, en continuant à prétendre des rentes trop élevées, ont poussé leurs fermiers à une culture épuisante et ruineuse[2].

b. Les baux sont trop courts, les propriétaires ayant intérêt à les renouveler aussi souvent que possible, afin de pouvoir profiter de chaque augmentation de la rente ricardienne de monopole que produit l’accroissement de la population.

c. Le propriétaire n’indemnise pas le fermier pour les améliorations qu’il a introduites et les capitaux qu’il a investis dans l’exploitation.

d. Quand la récolte a été mauvaise, le propriétaire refuse de diminuer autant qu’il le devrait le montant des fermages, ce qui rend encore plus difficile la condition déjà précaire du tenancier. Celui-ci alors s’endette et, généralement, pour essayer de s’acquitter, il épuise

  1. Les propriétaires obérés de dettes hypothécaires sont, à cet égard, assimilables aux fermiers, car, tôt ou tard, leur insolvabilité devient irréparable et entraîne fatalement leur expropriation.
    Voir sur l’accroissement continuel et effrayant des expropriations pour dettes hypothécaires Loria, ibid., 577 à 580.
  2. Voir entre autres : Loria, Analisi della proprietà capilatista, 2e vol., 364; et Wallace, Bad Times, 55.