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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/180

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débile, elle n’avait pas été choyée chez elle, elle pleurait souvent ; sûrement, elle était morte. Le docteur ne supporta pas plus longtemps cette pensée ; il dérangea quelques dormeurs et sortit dans le couloir du wagon. Là il ouvrit une glace et regarda dans le noir où dansaient des étincelles. Il se sentit plus calme. Et lorsque, plus tard, il eut rejoint son compartiment, il s’y endormit malgré sa position incommode.

La rencontre avec ses deux sœurs mariées ne se déroula pas sans quelque gêne. Tous trois semblaient avoir oublié combien loin ils étaient toujours demeurés les uns des autres, malgré leur étroite parenté, et ils essayèrent d’abord de se comporter en frère et sœurs. Mais bientôt ils se réfugièrent d’un accord tacite dans ce ton neutre et poli que la société a spécialement créé pour servir en de telles circonstances.

Lassmann était chez sa plus jeune sœur dont le mari occupait une situation particulièrement enviable : il était industriel et de plus portait le titre de conseiller impérial. Après le quatrième plat du dîner, le docteur demanda :