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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/85

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de Dieu, et l’éclat d’une petite lumière apparaît dans leur encadrement, comme un enfant perdu dans une nuit étoilée. Ces icones sont le seul point fixe, le seul signe rassurant au bord de la route, et aucune maison ne peut exister sans elles. Toujours de nouveau il est nécessaire qu’on en fasse de nouvelles ; lorsque l’une se défait de vieillesse, toute mangée par les vers, lorsque quelqu’un se marie, ou se bâtit une cabane, ou lorsque quelqu’un, comme le vieil Abraham, par exemple, meurt avec le désir d’emporter saint Nicolas dans ses mains jointes, probablement pour comparer à cette image les saints qui sont au ciel, et reconnaître, avant tous les autres, celui qu’il honore le plus…

C’est ainsi que Pierre Akimovitch, en réalité cordonnier de profession, peint aussi des icones. Lorsqu’il est fatigué d’un travail, il passe à l’autre, après avoir fait trois fois le signe de croix ; et une même piété préside aussi bien à sa couture et à son martelage, qu’à sa peinture. C’est déjà un homme assez vieux, mais toujours vaillant. Son dos qu’il voûte en faisant des bottes, il le redresse