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Page:Rilke - Poèmes français, 1935.djvu/40

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XL


Un cygne avance sur l’eau
tout entouré de lui-même,
comme un glissant tableau ;
ainsi à certains instants
un être que l’on aime
est tout un espace mouvant.

Il se rapproche, doublé,
comme ce cygne qui nage,
sur notre âme troublée…
qui à cet être ajoute
la tremblante image
de bonheur et de doute.


XLI


Ô nostalgie des lieux qui n’étaient point
assez aimés à l’heure passagère,
que je voudrais leur rendre de loin
le geste oublié, l’action supplémentaire !

Revenir sur mes pas, refaire doucement
— et cette fois, seul — tel voyage,
rester à la fontaine davantage,
toucher cet arbre, caresser ce banc…